Petits mots, gros effets : comment les paroles de nos parents continuent de façonner le quotidien
Vers la voie de la guérison...
Hey salut toi, je suis archi contente 🥰 de te retrouver pour ce nouveau sujet un peu particulier. Comme je commence un peu plus à me familiariser avec Substack, j’ai même créé une section : Thérapie par l’écriture. En fait, tu vas maintenant te retrouver directement dans ma tête, avec des pensées, beaucoup d’introspection que je ne partage pas réellement finalement. Et comme on en marre des bagages 🧳émotionnelles, on va les poser ici.
Aujourd’hui, j’ai envie de parler des parents. Et plus particulièrement de leurs mots, de ces phrases qui peuvent avoir un vrai impact. Dans mon cas, j’aimerais revenir sur la manière dont ces paroles m’ont façonnée 🔨.
Mais c’est que ça promet du rire et de la franche camaraderie cette édition 😂
Je ne suis pas une experte du sujet, juste quelqu’un qui se lance dans une grande introspection. Au fil du temps, j’essaie de comprendre pourquoi je suis devenue celle que je suis. Peut-être que ce que je vais dire ressemble à du grand n’importe quoi, mais je prends ma plume 🖋️ pour une petite séance de “writing therapy”.
Je sais que certains parents sont exemplaires, d’autres moins, et il y en a qui naviguent à vue en faisant de leur mieux.
Moi, je voulais surtout parler de ces petits mots qu’on nous balance quand on est gosse, et qui laissent parfois une trace indélébile. Ces petits mots, on les oublie souvent, mais ils sont la cause de certains de nos comportements et, bien entendu, de nos mécanismes de défenses.
Je te livre donc mon expérience — ce n’est que mon ressenti et mon vécu mais si ça peut aider quelqu’un à réfléchir sur sa propre expérience, alors c’est du bonus.
Bon, on y va ?
L’instant où j’ai compris que mon enfance n’était pas anodine
J’ai longtemps cru que je venais d’une famille “rien de spécial” : des disputes, des remontrances, quelques claques, quelques moments durs, mais rien de « grave ».
Je me disais : « Tu n’as pas été battue, tu ne devrais pas te plaindre. » Sauf que, quand j’ai commencé à raconter certaines anecdotes – comme le fait qu’on me répète sans cesse que je devais toujours faire plus, que ce n’était pas assez bien, ou qu’on m’interdise parfois d’exprimer la moindre émotion (avec le fameux “arrête de pleurer ou je vais te donner une raison de pleurer” ou encore le “tu n’as pas à me répondre, je ne veux pas que tu me répondes, je suis l’adulte et j’ai raison)– j’ai vu la réaction de mes amis.
J’ai aussi appris à me poser des questions quand j’allais chez des copains et que la relation qu’ils avaient avec leurs parents était très différente de la mienne.
C’est là que j’ai pris conscience que ces mots et ces attitudes n’étaient pas si “normaux”.
Jusqu’ici, je pensais que ce n’était pas si grave : « On fait tous face à des remarques, non ? C’est la vie. » Mais en en parlant à l’âge adulte, j’ai réalisé qu’au fond, j’avais passé des années à minimiser 🤏🏼 ce que j’avais vécu. Que l’ambiance à la maison, faite de critiques, de comparaison incessante (“Ta sœur réussira mieux que toi !”), de silence et de quelques gifles, avait construit en moi plus qu’un simple sentiment de “Je dois faire mieux”.
Ce jour-là, je me suis rappelée de tous les moments où j’avais rentré la tête dans les épaules, terrifiée à l’idée de décevoir. Je me suis revue expliquer en riant : “Moi, j’ai toujours peur du pire, c’est pour ça que je prévois tout.” - et d’ailleurs c’est toujours un peu le cas. Il est rare que je dépense de l’argent parce que j’ai toujours peur qu’il m’arrive une giga galère alors que tout va bien et que je peux prévoir si ça arrive.
Mais la vérité, c’est que cette “hypervigilance” était née de l’idée que tout pouvait déraper si je n’étais pas irréprochable. Mes notes à l’école ? Elles devaient être meilleures que celle des autres et je devais prendre garde si elles étaient pas terribles. Si je tombais malade, c’est que je n’avais pas écouté et que j’avais désobéi (oui, tout ce que je dis est vrai).
J’ai donc compris qu’il ne s’agissait pas juste de mon “caractère”, mais d’un bagage 🛄 que je portais depuis l’enfance.
Et d’un coup, ça a été à la fois mélancolique et libérateur. Mélancolique parce que j’ai réalisé à quel point j’avais pu souffrir en silence, en normalisant des attitudes blessantes. Libérateur parce qu’enfin, je mettais un mot dessus. Je pouvais admettre que oui, mon enfance n’était pas anodine, et que oui, j’avais le droit d’en parler, de réfléchir, de guérir.
Comprendre ça, c’était le premier pas pour cesser de me faire la guerre à moi-même.
Un cerveau jamais en paix: ces mécanismes que j'ai développés pour survivre
Quand tu grandis en entendant constamment : “Fais gaffe, tu vas te planter”, tu finis par intégrer l’idée que l’échec te guette à chaque coin de rue. Du coup, j’étais toujours en mode “alerte rouge”🔴. Même si tout allait objectivement bien, mon cerveau me soufflait : “Prépare-toi, ça va forcément mal tourner.” - “Je suis en couple avec quelqu’un qui m’aime ? Mhh, y’a forcément un truc qui cloche, il ne restera pas”. - “Mes amis sont réellement inquiets pour moi ? Impossible, je ne suis pas assez bien”.
C’est épuisant, et ça crée une sensation permanente d’insécurité.
L’obsession de la réussite à tout prix
Pour contrer cette peur de l’échec, j’ai développé un autre mécanisme : viser toujours plus haut. La barre que je me fixe, en fait, c’est une barre d’échelle. Y’en a toujours une autre après et ça ne s’arrête jamais.
Dès qu’un objectif était atteint, je m’en fixais un autre, plus ambitieux. Sur le papier, ça peut sembler positif — une sorte de motivation perpétuelle.
En réalité, c’était comme courir après un train 🚆 sans jamais souffler : je ne me donnais pas le droit de m’arrêter, ni de savourer la moindre victoire. Je devais prouver en permanence que j’étais assez.
D’ailleurs, pour illustrer ce propos, j’ai le parfait exemple qui est arrivé dernièrement.
Je cumule un CDI et un statut d’auto-entrepreneur. Donc, je travaille beaucoup. Genre beaucoup. Dans mon corps de métier, il y a des centaines d’idées et plein d’optimisations que tu peux faire constamment, et ça ne s’arrête jamais. Alors je travaille parfois plus que de raison.
Et il y a quelques semaines de ça, j’ai bouclé tout ce que j’avais à faire.
J’aurais pu être fière de moi, mais; tu sais ce que j’ai ressenti à la place ? J’ai ressenti une profonde angoisse. L’angoisse de n’avoir rien à faire, l’angoisse que ça tourne pas rond, qu’il y a un truc qui cloche. L’angoisse de me dire “putain j’ai raté un truc”, l’angoisse du “je devrais pas être en train de me reposer mais de continuer à bosser en fait”.
Des bribes de souvenirs (ou l’absence de souvenirs)
Un autre symptôme de cette enfance un peu chaotique, c’est le flou qui entoure mes souvenirs. À vrai dire, il est réellement difficile de me souvenir de moments en particulier. Et je ne m’en suis rendu compte que dernièrement en tombant sur un compte Instagram où cette personne disait : “S’il n’y avait rien de bon, pourquoi s’en souvenir ?”
Well, that shit hit me hard bruh
Là encore, j’imagine que ce vide était un mécanisme de survie : moins j’y pensais, moins je ressentais.
L’armure émotionnelle
Au-delà de la peur, j’ai aussi construit une vraie carapace 🐢 pour éviter de souffrir. Il y a encore quelques années, j’étais fermée, extrêmement dure. Dure avec moi-même et surtout, surtout, dure avec les autres.
Je me disais : “Si je montre la moindre faille, on va m’écraser.” Résultat : je dressais des murs, même avec mes amis. Si quelqu’un ne me donnait plus de nouvelles, je me disais directement : “Ok, c’est fini, je ferme la porte.”
Mon mantra : “Il y aura toujours quelqu’un d’autre avec qui traîner.”
Sauf que ce mode “forteresse” empêche toute vraie connexion : dès qu’un obstacle pointait le bout de son nez, je coupais les ponts avant même de chercher à résoudre le problème. Ouais, j’étais pas la meilleure des potes à cette époque, j’admets.
Avec cette carapace, j’étais un putain de tank sans émotion.
Je ne pleurais jamais, je faisais la dure, je ne voulais pas qu’un morceau d’émotion pointe le bout de son nez, je parlais sans prendre en considération les émotions de la personne en face de moi. Et si quelqu’un me disait que je l’avais blessé, j’avais le culot de dire : “va falloir t’endurcir un peu là”.
Tous ces mécanismes — la vigilance extrême, l’obsession de la performance, l’oubli sélectif, la dureté relationnelle — avaient un but : survivre. Quand on a grandi dans la critique et la peur d’échouer, on trouve des stratagèmes pour garder le contrôle. Sauf qu’en grandissant, j’ai compris que cette survie permanente me volait ma paix 🕊️ intérieure. J’étais en guerre contre le monde, contre moi-même.
La rébellion : tattoos, piercings et illusions de contrôle
À l’adolescence, j’ai ressenti que je ne pouvais plus continuer à faire la “bonne élève” sage et obéissante, celle qui se pliait toujours aux règles. Mon premier tatouage ainsi que mon premier piercing (où j’étais encore mineure à l’époque) sont alors devenus un véritable grand “Non” jeté à la figure de l’autorité parentale. Je reprenais possession d’un corps et d’une vie qui, jusque-là, semblaient ne pas vraiment m’appartenir.
Avec le recul, je vois bien que ces actes relevaient plus de la provocation et du besoin de s’affirmer que d’une réelle “liberté”. C’était comme cocher une case “rébellion” sur la liste de mes envies, pour me prouver qu’ils n’avaient pas le dernier mot. Sur le moment, j’y ai trouvé une forme de soulagement, l’illusion que désormais, je détenais le contrôle. Mais en réalité, je portais toujours mes blessures sous la peau. Le tatouage n’était qu’une couche d’encre par-dessus.
Et l’idée de ne pas avoir d’enfants
Longtemps, j’ai considéré la parentalité comme un terrain miné que je préférais éviter. Et ça a duré hypeeeeeer longtemps. Jusqu’à mes 27 ans je dirais.
Je me disais : « Pourquoi je ferais vivre ce que j’ai moi-même subi ? » Comme si, en restant seule (enfin, sans enfant), je coupais toute possibilité de reproduire l’atmosphère de critiques, de peur et de silences qui m’avait tant pesé. Dans mon esprit, c’était clair : je ne voulais pas être l’artisane d’un nouveau cycle de souffrances.
J’ai même développé une sorte de scénario catastrophe : celui où je finirais par, malgré moi, rééditer les mêmes schémas familiaux. Je me voyais déjà dire à un enfant : « Tu n’es pas assez », ou l’empêcher de s’exprimer, sans même m’en rendre compte. Pour moi, c’était impensable. Comment faire subir ça à une personne que tu es sensé aimé plus que toi-même ? Mieux valait ne jamais fonder de famille que prendre ce risque.
Le plus paradoxal, c’est que cette décision n’était pas forcément dictée par un manque d’amour ❤️ ou d’instinct maternel, mais plutôt par la peur de mal faire, de blesser. Ça me semblait plus “sûr” d’être seule que de reproduire à mon tour le climat qui m’avait tant fragilisée. À l’époque, je n’avais pas conscience que, justement, cette prise de conscience était déjà un premier pas pour ne pas répéter les erreurs du passé.
L’héritage parental : un cycle à briser
Je me le suis souvent répété : “Ils ont fait ce qu’ils pouvaient. Ils n’ont pas eu une enfance facile.” Oui, c’est vrai, et ça explique en partie leurs maladresses. Seulement, comprendre n’est pas forcément tout pardonner. Je ne peux pas nier que leurs mots ont laissé des traces.
Dans ma tête, c’est pourtant simple : si tu sais ce que c’est que de grandir avec des mots durs, tu fais en sorte de ne pas reproduire ce schéma. Je ne dis pas que c’est facile, mais reconnaître sa propre souffrance devrait inciter à éviter de la transmettre. Or, ce n’est pas toujours le cas : certains, au contraire, perpétuent sans même s’en rendre compte les violences qu’ils ont subies.
Moi, j’ai décidé que je n’accepterais plus cette excuse.
Minimiser sa propre souffrance
Pendant longtemps, je me suis dit : « J’ai pris quelques gifles pour insolence, mais je n’étais pas une enfant battue. D’autres ont vécu bien pire. »
Sauf que la violence psychologique reste de la violence.
Même sans coups constants, ces remarques, cette pression permanente… peuvent laisser autant de dégâts qu’une claque.
Je me suis aussi rendu compte que je n’entendais des choses positives à mon sujet que lorsqu’il y avait des invités à la maison. Dans ces moments-là, à qui ça profitait ? Au parent, qui cherchait surtout à se valider en tant que “bon éducateur” évidemment. L’enfant, lui, passait au second plan.
Je dis que je minimise mais je tiens à rajouter que le “pire” des uns n’invalide pas le “moins pire” des autres. Chaque histoire est unique, et chacun vit ses traumas à sa façon.
La route vers l’acceptation : se permettre de guérir
C’est en discutant avec une coach en développement personnel que j’ai nommé ce que j’avais vécu : des violences psychologiques.
Au début, je trouvais le terme “trop fort”. Je disais : “Mais non, ce n’étaient que des phrases, un peu dures… c’est la vie.” Petit à petit, j’ai compris que minimiser ma souffrance bloquait toute possibilité de guérison. Admettre la réalité, ça fait mal, mais ça ouvre les portes du changement.
L’apprentissage de l’acceptation
Aujourd’hui, j’ai commencé à accepter certains points :
Mes peurs et mes doutes : je ne lutte plus systématiquement contre eux. Ils existent, j’essaie de les comprendre au lieu de m’auto-flageller.
Mon droit de dire non : si je ne veux pas faire quelque chose, c’est valable. Je n’ai pas à m’obliger pour prouver ma valeur ou éviter de décevoir.
La possibilité qu’un truc ne soit pas bon pour moi : je m’autorise à prendre mes distances avec des personnes ou des situations toxiques, même si c’est inconfortable.
Je ne dis pas que j’aime tous ces aspects de moi, juste que je les regarde en face. J’ai encore du chemin à faire pour passer de l’acceptation à l’amour de soi, mais c’est déjà un gros pas.
Redéfinir l’héritage que je veux transmettre
Dans cette démarche, la question de l’enfance revient. Je me demande souvent : “Si j’avais des enfants, comment ferais-je ?” Je sais que je ne pourrais jamais le minimiser parce que j’ai conscience de ce que les mots font sur quelqu’un. Je ne prétends pas être parfaite et parce qu’en plus, je n’ai pas d’enfant, mais je veux au moins tenter de briser le cycle qui m’a tant pesé.
Conclusion : Entre lucidité et espoir
Au final, je ne peux pas effacer mon enfance comme on supprimerait un fichier sur un ordinateur 💻. Elle fait partie de moi, avec ses moments de douleur et ses blessures mal cicatrisées. Mais j’ai compris que la survie n’est pas une fin en soi : on a le droit d’exister autrement que dans la peur ou la colère.
J’accepte de voir le passé en face : reconnaître qu’il y avait plus que de simples “remontrances” et quelques tapes (lever la main sur un enfant, c’est un big NO et sur n’importe qui d’ailleurs), c’était essentiel.
J’admets que mes parents ne sont pas parfaits, mais je ne suis pas obligée de tolérer encore et encore des attitudes qui me font du mal.
Je me permets de changer de regard sur moi, sur mes émotions, mes envies, mes limites. Même si c’est un chantier au long cours.
J’ai longtemps cru que la rage ou la carapace étaient mes seules défenses. Maintenant, j’apprends qu’il y a une autre voie : celle qui consiste à me donner de la tendresse, à chercher le soutien de personnes bienveillantes, à poser des limites quand il le faut.
Et si je doute encore, au moins je ne doute plus d’une chose : je mérite une vie où mes traumas ne dictent pas chacune de mes actions.
Et ça, c’est déjà un bel espoir 🌷.
À bientôt,
Méli, l’ado qui quitte petit à petit sa carapace.
🫶🏻